Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/293

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était dissimulée par des vergers et des murs de clôture, réussissaient à s’établir solidement dans le voisinage des batteries et tuaient les canonniers à leurs pièces.

Pour les déloger de leurs positions, il fallut lancer sur eux des colonnes d’infanterie que la fougue et l’élan des huguenots brisaient tour à tour, comme le choc d’une pierre brise un vase d’argile. Pas un champ, pas un jardin, pas un fossé qui ne fût jonché de morts. Armand-Louis était toujours le premier à l’attaque, le dernier à la retraite ; Magnus ne le quittait pas.

Dans les intervalles qui séparaient deux assauts, Renaud envoyait chercher des nouvelles de M. de la Guerche, tandis qu’Armand-Louis expédiait l’un des siens pour savoir comment on se comportait du côté de M. de Chaufontaine. Magnus et Carquefou, qui se croisaient quelquefois en route, échangeaient une ou deux paroles en passant.

— Tout va bien là-bas, disait le vieux reître, nous avons douze morts et vingt blessés… les blessés se battent.

— Chez nous c’est une grêle, on dirait des giboulées de fer et de plomb, répondit Carquefou ; j’en ai froid dans le dos et le feu au visage… On meurt un peu.

Au coucher du soleil, une dernière charge menée en personne par Jean de Werth, entraîna les Impériaux jusqu’au pied de l’abatis, dont l’épaisseur avait été augmentée par un amas d’arbres fraîchement coupés. Les huguenots, affaiblis par des pertes cruelles, venaient d’être délogés de leurs positions extérieures. Armand-Louis réunit les siens et fondit sur l’ennemi, qui s’efforçait de pénétrer dans le village par les brèches que les boulets avaient ouvertes au travers des maisons. Il aperçut Jean de Werth dans la mêlée ; la dragonne brodée par Adrienne pendait à la poignée de son épée.

— Viens ici ! cria M. de la Guerche, qui renversait un lansquenet