Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/297

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le cœur d’une femme… Te sens-tu là cette même résolution qui m’anime ?

— Je te comprends ! répondit Adrienne ; que Dieu me pardonne si c’est un crime, mais jamais, vivante, je ne retomberai entre les mains de Jean de Werth !

— Elles ont l’âge qu’avait ma pauvre fille ! murmura le garde.

Et une larme coula lentement sur sa joue.

Vers le soir, l’enfant que Mlle de Souvigny avait, pendant trois jours, veillé comme une mère et bercé sur ses genoux, l’appela auprès de son lit.

— Embrassez-moi, lui dit-il, je dormirai tranquille.

Adrienne embrassa l’enfant, et tandis que Diane regardait par la fenêtre, le front pâle, écoutant les clameurs de l’assaut, elle se mit à genoux près du lit, les mains jointes :

— Seigneur, mon Dieu ! dit-elle, je Vous ai fait le sacrifice de ma vie ; sauvez celui dont Vous lisez le nom dans mon cœur.

Le garde, qui depuis quelques minutes se promenait dans la chambre, s’approcha tout à coup, et lui touchant l’épaule du doigt :

— J’avais juré de laisser mourir dans ce coin de terre tous les vôtres comme sont morts mes deux fils, dit-il, mais vous avez rendu la vie à cet enfant… je vous sauverai, vous et tous ceux qui vous accompagnent.

Adrienne s’était levée et le regardait avec étonnement.

— Asa n’a jamais menti, poursuivit le garde ; vous avez ouvert le chemin de mon cœur à la pitié. Quand la nuit sera tout à fait venue, dites à celui qui était hier près de vous de rassembler ses compagnons d’armes ; alors je les sauverai, je vous le jure !

Cependant les dragons que la mort avait épargnés creusaient çà