Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/310

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Les Français avaient sur lui une grande avance, mais des messagers envoyés au galop dans toutes les directions ne pouvaient pas manquer de les atteindre. Il s’agissait seulement de ne pas se tromper sur la route qu’ils avaient prise.

Vers le soir, un de ces messagers rejoignit Jean de Werth ; il avait découvert la piste des huguenots.

— Ah ! morts ou vifs, je les aurai ! s’écria Jean de Werth, qui enfonça les éperons dans le ventre de son cheval haletant.

Sa course effrénée le conduisit dans une lande jonchée çà et là de cadavres d’hommes et de chevaux. Le sang coulait encore des blessures. Au loin quelques flocons de vapeurs blanches mouchetaient la morne étendue des bruyères.

— Ah ! les maudits ! ils ont passé par là ! s’écria Jean de Werth.

Et il se lança de nouveau en avant.

M. de la Guerche et Renaud venaient en effet de passer. Au moment de leur arrivée dans cette lande, un corps de cavalerie s’y trouvait campé et leur barrait le passage d’une chaîne de montagnes où s’ouvrait un défilé qu’il était important de gagner au plus vite. Parlementer, c’était s’exposer à perdre un temps précieux et permettre aux Impériaux de se réunir. Divisés, on pouvait les rompre presque sans coup férir.

Un pli de terrain amena les huguenots jusqu’en face du campement.

— Au pas maintenant, dit Armand-Louis ; puis, quand nous serons à portée de pistolet, au galop tous ensemble.

La vue soudaine d’un escadron qui débouchait dans la plaine surprit d’abord les Impériaux ; quelques-uns montèrent à cheval, d’autres apprêtèrent leurs armes sans mettre