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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/311

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le pied à l’étrier. L’attitude de l’escadron, qui marchait au pas, leur enlevait toute défiance. Cependant on expédia trois ou quatre cavaliers pour le reconnaître.

Armand-Louis avançait toujours, Adrienne et Diane au centre de la troupe et flanquées de dix dragons choisis parmi les plus robustes et les mieux montés.

Ils laissèrent approcher les cavaliers, puis, au moment où ceux-ci les sommaient de s’arrêter, sur un signe de M. de la Guerche, ils fondirent sur le campement ventre à terre, et le pistolet au poing.

Ce fut comme un torrent furieux qui heurte en son passage un champ d’épis mûrs ; la trouée fut large et sanglante, et la moitié des Impériaux n’avait pas encore tiré l’épée que déjà l’escadron fuyait vers le défilé.

Quelques balles le poursuivirent, et il atteignit le pied de la montagne.

Jean de Werth y arriva lui-même au moment où les Impériaux, pareils à une bande d’oiseaux sauvages que le fusil d’un chasseur a un instant dispersés, se consultaient sur ce qu’ils avaient à faire.

Le cheval du baron trembla sur ses jarrets et tomba mort.

— Vous hésitez ? s’écria-t-il, en se faisant reconnaître.

Il jeta hors de selle un cavalier blessé, et prenant sa place :

— En avant ! dit-il. Dix écus d’or au premier d’entre vous qui tue un huguenot !

La main d’un vieil officier saisit la bride du cheval.

— Regardez, monseigneur ! dit-il.

Et du doigt il lui fit voir les dragons qui précipitaient des quartiers de roche au milieu du défilé. Le bruit de ces masses qui roulaient sur le flanc de la montagne arriva jusqu’à eux.