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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/32

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Quelques hommes résolus se répandirent à sa suite dans les faubourgs incendiés, et, se glissant de proche en proche derrière les pans de murs et le long des fossés, gagnèrent le front de bandière de l’armée impériale. Ses lignes ne serraient plus la ville si étroitement ; l’armée avait fait un mouvement de recul.

La nouvelle de cette retraite inattendue traversa Magdebourg avec la rapidité de l’éclair. Chacun sortit dans les rues ; on questionnait ceux qui avaient été en éclaireurs reconnaître les positions de l’armée du comte de Tilly.

— Je me suis timidement avancé jusqu’à l’emplacement de cette grosse batterie dont vous voyez les épaulements là-bas, sur ce monticule, dit Carquefou. Dieu sait si j’étais prêt à courir comme un lièvre à la première alerte !… Les fascines étaient renversées, les parapets abattus, les canons emportés : je n’ai vu qu’un rideau de cavaliers derrière un rideau d’arbres dans la plaine.

Cent bourgeois jetèrent leur bonnet en l’air.

— Ils s’en vont ! ils s’en vont ! cria-t-on de toutes parts.

Et les plus joyeux embrassaient leurs voisins.

— S’ils s’en vont, dit Magnus, le moment est venu de faire bonne garde.

On le regarda de tous côtés avec l’expression d’un grand étonnement.

— Comprenez donc ! les Impériaux battent en retraite ! reprit-on autour de lui.

— J’entends bien ; c’est pourquoi, si vous ne veillez pas jour et nuit, un beau matin les Croates seront dans Magdebourg.

Les bourgeois se mirent à rire.

— Les Troyens aussi riaient lorsque la fille d’Hécube parlait, dit Magnus, et cependant Troie fut prise et réduite en cendres.