Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/31

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Partout les traces des longs combats soutenus, des pans de murs écroulés, des maisons percées par les boulets, des tours éventrées, des ruines fumantes, une population morne, plus de chants ni de cris, des femmes et des enfants qui pleuraient dans les églises. Les faubourgs, envahis par les Impériaux, n’étaient plus qu’un monceau de décombres. Des flammes en sortaient çà et là.

Cependant, si l’enthousiasme des premiers jours était tombé, la défense n’en était pas moins énergique, pas moins vigilante. L’armée du comte de Tilly, maîtresse des forts et des faubourgs, avait fait des pertes cruelles ; les meilleurs régiments, si souvent menés à la victoire, étaient décimés ; bon nombre d’excellents capitaines avaient perdu la vie dans ces combats meurtriers. Nulle part la ceinture des murailles qui protégeaient Magdebourg n’était entamée. Son artillerie répondait sans faiblir au feu de l’artillerie autrichienne. Les généraux, qui sentaient les plus vieilles troupes hésiter dans leurs mains, commençaient à croire que jamais ils n’emporteraient cette ville rebelle de vive force.

Les ramener à l’assaut, après l’échec de la poterne, c’était exposer les armes de Ferdinand à une défaite dont les conséquences pouvaient être incalculables.

Un matin, après une longue série d’escarmouches qui avaient coûté la vie à un grand nombre d’assaillants, les sentinelles placées au sommet des plus hautes tours remarquèrent que différentes batteries qui la veille encore vomissaient la flamme et le fer contre la place, semblaient dégarnies de leurs engins destructeurs. Autour de ces batteries désertes, point de soldats.

Carquefou, qui était de garde près d’une poterne, suspendit une corde à un clou et se laissa couler dans le fossé.

— Ma foi ! tant pis ! dit-il à ses camarades, la peur le cède à la curiosité.