Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/326

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de paille, Magnus et Carquefou prévinrent Armand-Louis et Renaud, et tous quatre, à cheval, se tinrent immobiles à la porte de Jean de Werth.

Le Bavarois parut ; au moment de sauter en selle, il jeta sur les quatre cavaliers un regard rapide ; il reconnut, à la clarté d’une torche que soulevait un palefrenier, l’uniforme des gardes du corps de Wallenstein, mais ne vit pas l’homme qui tout à l’heure était entré chez lui.

— Le messager ? dit-il, le pied sur l’étrier.

Magnus se pencha vers Jean de Werth, et faisant le salut militaire :

— Nous l’avons escorté ; il dort là, dit-il.

Puis, d’une voix plus faible et sans plier la paupière sous le regard de Jean de Werth :

— Je m’appelle Prague, comme il s’appelle Friedland, reprit-il d’un air mystérieux.

— Partons ! dit le Bavarois.

Jean de Werth n’emmenait avec lui qu’un officier.

Magnus et Carquefou prirent les devants, MM. de la Guerche et Renaud restèrent en arrière, et tous les six s’enfoncèrent dans la campagne, toute baignée des clartés de la lune.

Ils fendaient l’espace, penchés sur l’encolure des chevaux, leurs longs manteaux de guerre drapés autour d’eux. On voyait, comme des ombres, passer dans la nuit les arbres, les maisons, les moulins ; quelques chiens saluaient leur fuite de longs aboiements. Jean de Werth échangeait quelques rares paroles avec son aide de camp.

Cependant, une ligne blanche qui s’élargissait à l’horizon annonçait l’approche du matin ; la pâle lueur qui descendait du ciel fit voir dans la campagne une rivière vers laquelle on courait, et sur cette rivière un pont aux arches à demi rompues. Le clocher d’un bourg se montrait au loin. Au moment