Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/332

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— Je ne suis pas en état d’attendre l’hiver, non plus que Wallenstein, reprit-il ; je lui offre la bataille, et il l’acceptera pour ne pas mériter le reproche qu’on lui fait depuis Nuremberg, de ne pas oser se mesurer contre les armes du roi de Suède. Wallenstein est un grand général. Tout ce que le génie d’un homme peut inventer de combinaisons pour assurer la victoire à son drapeau, il le trouvera. Combien qui vivent aujourd’hui dormiront demain du sommeil éternel ! Vous serez près de moi, la Guerche.

— C’est la place la plus dangereuse ; merci de me l’avoir donnée, Sire.

En sortant de la tente du roi, Armand-Louis demanda à M. de Brahé des nouvelles du duc de Lauenbourg.

— Voilà deux jours qu’il est parti, répondit Arnold.

— Dieu veuille qu’il ne revienne plus ! s’écria M. de la Guerche.

Quelques heures séparaient encore la nuit du moment solennel où la grande bataille devait commencer. Armand-Louis sortit du camp pour voir Adrienne encore une fois. Comme il en franchissait l’enceinte, il rencontra Magnus qui marchait sur la piste d’un homme de mince apparence, qui poussait des talons et de la voix un cheval maigre et chétif.

— Si Magnus est toujours l’homme que j’ai connu, dit le vieux reître, m’est avis que j’ai vu la mine de ce coquin dans l’hôtellerie où le seigneur Mathéus portait le froc d’un moine.

— Et que t’importe ! murmura M. de la Guerche.

— On dit que dans les pays d’Afrique, les chacals précèdent les hyènes qui vont à la curée. Maître Innocent pourrait bien être l’éclaireur d’un bandit qui a nom Jacobus, et dont j’ai cru reconnaître le profil anguleux et la barbe rouge