Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/338

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M. de la Guerche cherchait partout Renaud. On ne le voyait pas dans les rangs des dragons. Il interrogea Magnus.

— Ce matin, M. de Chaufontaine paraissait fort préoccupé d’un justaucorps de peau de buffle tout neuf qu’il essayait, répondit Magnus ; Carquefou en essayait un aussi de la même forme.

En ce moment un rayon de soleil traversa l’atmosphère, le brouillard se leva comme un rideau, les deux armées s’aperçurent séparées par la grand-route, et un jet de flamme partit d’une batterie placée sur un monticule situé au centre de l’armée impériale.

— Dieu est avec nous ! s’écrièrent les Suédois.

— Jésus et Marie ! répondirent les Impériaux.

La bataille était commencée.

Tandis que Gustave-Adolphe montrait du bout de son épée la batterie qui s’entourait de fumée et de flammes et qu’il fallait enlever, Wallenstein regardait du côté par lequel le comte de Pappenheim s’était éloigné la veille. La route était blanche et nue jusqu’à l’horizon.

— Arrivera-t-il à temps ? murmura le feld-maréchal en reportant les yeux sur les masses profondes des Suédois, qui déjà abordaient le premier fossé au pas de course.

La fusillade éclatait sur toute la ligne, le canon grondait, et déjà les balles et les boulets faisaient leur œuvre de destruction.

La furie de l’attaque n’était égalée que par l’obstination de la défense. Aucune des deux armées ne voulait céder ; le terrain conquis pied à pied par les Suédois était presque aussitôt repris par les troupes impériales ; des rangs entiers tombaient remplacés par de nouveaux combattants acharnés à continuer la lutte. Partout où un régiment pliait, les chefs se portaient en avant, et leur présence ramenait les vaincus à la bataille. On ne comptait plus les morts. La route qui séparait