Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les deux armées avait été enlevée et reperdue trois fois.

Pendant les charges impétueuses qui menaient Gustave-Adolphe du centre à l’aile gauche et de l’aile gauche à l’aile droite de son armée, Armand-Louis, tantôt seul avec Magnus, tantôt avec quelques douzaines de dragons, n’avait pas cessé d’accompagner le roi. Au travers de la fumée, un instant il aperçut Renaud qui sortait du milieu d’un bataillon bavarois mis en déroute. Il crut voir Gustave-Adolphe en personne et derrière ce nouveau Gustave-Adolphe un autre encore. Même justaucorps, même surtout.

— Quelle est cette folie ? dit Armand-Louis, tandis que les balles sifflaient autour de sa tête.

— C’est un stratagème ! répondit Renaud. Un déserteur m’a fait connaître que certains capitaines de l’armée impériale veulent s’attaquer au roi. Nous sommes quatre ou cinq qui avons pris son costume. Si la fortune le permet, c’est sur moi qu’on tombera.

Cependant le roi veut, par un coup décisif, briser le centre ennemi, où Wallenstein combat en personne. Il rassemble autour de lui quelques bataillons de ses Finlandais et, l’épée haute, il les mène à la charge.

Tout cède devant lui, et son élan le rend maître des batteries qui dominent la route. Wallenstein, impassible, recule tout entouré de vaincus. Sa ligne d’opération est rompue, mais aussi longtemps qu’un régiment tiendra, il ne croira pas la bataille perdue.

Seni n’a-t-il pas dit que les ides de novembre seraient fatales au roi de Suède ?

Mais voilà que des clameurs éclatent sur la droite. Une confusion terrible mêle tous les rangs ; les deux armées semblent traversées par un tourbillon dont le poids écrase les lignes suédoises.