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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/357

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— C’est lui ! murmura Magnus.

Et il se dirigea vers le capitaine, tout en ayant l’air de chercher de côté et d’autre sur le sol.

Le capitaine s’arrêta, tira un pistolet de sa ceinture et considéra pendant quelques minutes cet inconnu qui allait et venait parmi les morts.

— Un maraudeur ! fit-il enfin.

Remettant alors le pistolet dans les plis de la soie :

— Eh ! l’ami ! s’écria-t-il.

Magnus releva la tête, hésita comme un homme surpris et mécontent, puis se dirigea vers le capitaine, la main sur la garde de son épée.

— Laisse-là ce joujou, poursuivit le capitaine Jacobus. Si tu pilles les cadavres, moi je n’en veux trouver qu’un seul. Donc, point de querelles entre nous !

— Alors, causons, répondit Magnus, mais faisons vite ; le jour n’est pas loin, et il ne ferait pas bon de rencontrer quelque patrouille suédoise par ici.

— Écoute ! Si tu m’aides à découvrir celui que je cherche, il y a pour toi plus d’or dans cette bourse que tu n’en découvriras dans les poches de cent officiers.

— Parlez.

— L’homme dont je parle est tombé auprès d’un champ de sarrasin, non loin d’un bouquet d’arbres, à un endroit où la route fait un coude.

Magnus se gratta le front.

— J’ai vu dans un endroit semblable un amoncellement extraordinaire de cadavres ; ils étaient couchés comme les épis d’une gerbe déliée, les uns sur les autres. L’un d’eux portait un justaucorps de peau de buffle à gorgerin d’acier ; il avait le bras gauche cassé par une balle.

Le capitaine saisit Magnus par le poignet :

— Marche, je te suis ! dit-il.