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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/358

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Magnus, sans répondre, prit hardiment un sentier qui coupait diagonalement le terrain de la bataille. Le capitaine marchait sur ses traces, à la distance d’une épée. Ses regards inquiets sondaient partout la douteuse clarté de la nuit, mais rien ne bougeait dans l’immense plaine. D’ailleurs, l’homme qui marchait devant lui avait l’épée au fourreau.

Ils arrivèrent ainsi auprès d’un champ de sarrasin foulé et haché par les déchirements d’une lutte acharnée. Magnus, du doigt, fit remarquer au capitaine Jacobus un bouquet de quatre ou cinq arbres, et la route, dont la ligne blanche traçait un angle.

— Oui, c’est là, murmura l’aventurier.

Un amas de corps sanglants couvrait la terre comme un tapis ; partout des armes en débris, partout des visages pâles tournés vers le ciel.

Magnus franchit un premier cercle de cadavres, et, au cœur même de cette hécatombe d’êtres humains, sa main désigna le corps du roi.

Alors, se découvrant, et d’une voix tonnante :

— Gustave-Adolphe ! cria-t-il.

Un homme se leva à ce cri, puis un autre, puis dix, puis vingt, et tous, l’épée nue à la main, marchèrent vers Magnus.

— Ah ! traître ! cria le capitaine Jacobus.

Et, s’armant d’un pistolet, il fit feu ; mais le vieux soldat avait fait un bond de côté, et la balle passa à quelques pouces de son front.

— Trop vite et trop tard ! dit froidement Magnus.

Déjà M. de la Guerche et M. de Saint-Paer étaient auprès de lui, et, autour d’eux, un cercle de dragons : point d’issue pour s’échapper.

Le capitaine Jacobus venait de reconnaître M. de la Guerche,