Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/361

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à son adversaire se perdit dans le vide, et presque aussitôt la pointe d’un fer dont il avait appris à connaître la force, le menaça de nouveau.

— C’est à la gorge qu’il faut frapper ! dit Magnus d’une voix sombre.

Mais déjà le duel recommençait plus âpre et plus acharné.

— Mort de ma vie ! j’en viendrai à bout cependant ! murmura le capitaine.

Il se ramassa sur lui-même comme un tigre, et son jeu terrible devint plus rapide et plus serré. On voyait luire ses dents blanches à travers ses moustaches rouges.

Quelques gouttes de sang parurent bientôt après sur les vêtements de M. de la Guerche, qu’une armure de fer ne protégeait pas. Deux fois déjà l’épée du capitaine en avait déchiré l’étoffe. Un ricanement ouvrit ses lèvres.

— Mon épée a soif ; prends garde ! dit-il.

Il fit un pas, et Magnus passa la main sur son front trempé de sueur ; mais soudain le fer d’Armand-Louis brilla comme une flèche et atteignit l’aventurier au défaut de l’épaule.

— Tonnerre ! s’écria celui-ci en rompant.

M. de la Guerche laissa tomber son épée, fit un bond, et, tandis que sa main droite saisissait le bras gauche du capitaine, avec la rapidité de l’éclair, de son autre main, il lui plantait dans la gorge son poignard tout entier.

La coquille d’acier heurta le gorgerin, et un jet de sang noir jaillit sur le bras du vainqueur.

Le capitaine Jacobus jeta la tête en arrière et tomba comme un chêne ; ses talons et ses mains battirent le sol ; puis ses membres se roidirent, et il resta couché par terre, la face noyée dans le sang. Alors, jetant au loin l’arme qui avait terrassé l’assassin du roi :

— Justice est faite ! dit Armand-Louis.