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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/43

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de Souvigny et à Mlle de Pardaillan.

— Ce n’est plus l’heure de nous séparer, dit M. de la Guerche à Renaud.

Puis, s’adressant à M. de Falkenberg :

— À vous, monsieur, les Wallons du comte de Pappenheim, reprit-il ; à nous Jean de Werth et ses Bavarois.

Et, comme deux lions qui chargent des ennemis trop nombreux, ils s’élancèrent à la rencontre de ces nouveaux assaillants.

En ce moment l’aspect de Magdebourg était effrayant à voir.

Les femmes et les enfants arrachés de leur sommeil couraient çà et là dans les rues et les places publiques, au milieu desquelles les bourgeois, privés de leurs chefs, cherchaient à se réunir ; la plupart se réfugiaient dans les églises, dont les voûtes retentissaient de cris ; les cloches sonnaient à toute volée, appelant les citoyens à la défense commune ; la mousqueterie éclatait de tous côtés à la fois ; des volées de balles, labourant les carrefours, jetaient par terre des centaines de malheureux qui augmentaient le désordre par leurs gémissements. Déjà les lueurs sinistres de l’incendie éclairaient plusieurs quartiers de Magdebourg ; de longues colonnes de fumée montaient vers le ciel, et les flammes gagnaient de proche en proche. Des hordes nouvelles et toujours plus nombreuses faisaient irruption dans la ville ; repoussées, elles revenaient à la charge avec une impétuosité plus furieuse, et leur masse rendait vaine la résistance du désespoir. Ce que la hache ne renversait pas, la torche le détruisait. Les canons des remparts, tournés contre la ville, la foudroyaient. Des pans de maisons s’écroulaient dans des tourbillons d’étincelles. Tout ce qui passait à la portée des sabres et des mousquets tombait mort. L’horreur et l’épouvante