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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/51

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par les richesses que de longues guerres accompagnées de longues rapines lui avaient permis d’amasser, il cherchait sans cesse le moyen d’en augmenter le nombre. Or, en lui nommant les deux prisonnières que la fortune amenait dans le camp impérial, Jean de Werth ne négligea pas de rappeler au comte de Tilly qu’elles tenaient par les liens du sang à l’un des grands seigneurs les plus opulents de la Suède. Si les lois de la guerre les donnaient à l’un de ses lieutenants, une part de la rançon qu’on devait exiger d’elles ne revenait-elle pas de droit au généralissime de l’armée ?

— De plus, ajouta Jean de Werth, vous n’ignorez pas que, par sa naissance, Mlle de Pardaillan, comtesse de Mummelsberg du chef de sa mère, est tout autant bohémienne que suédoise et sujette par ce fait de Sa Majesté l’empereur notre maître. Elle a en Autriche de grands biens placés sous séquestre… Une part peut en revenir à celui qui la conduira aux pieds de son légitime souverain.

L’éclair de la convoitise s’alluma dans les yeux féroces du comte de Tilly.

« Maintenant, pensa Jean de Werth, Adrienne sera toujours à portée de ma griffe. »

Peu d’instants après cet entretien, un officier dépêché par le comte de Tilly informa M. de Pappenheim que le général en chef l’attendait dans ce même palais que M. de Falkenberg avait occupé le matin même, et où, la veille encore, tant de réjouissances avaient été célébrées. Le comte de Pappenheim revêtit son costume de guerre.

— Ne quittez pas cette maison, dit-il à M. de la Guerche, ni vous, ni aucun de vos amis… Cette maison est à moi… La ville est à M. de Tilly.

Il fit ranger devant la porte, où son nom avait été écrit avec un morceau de craie, un peloton de ses cuirassiers, leur