Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/63

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dignitaire de l’empire, M. le maréchal comte de Pappenheim.

— Je le sais, monseigneur, je le sais, et je vois en cela l’œuvre du démon ; mais les maléfices de l’esprit des ténèbres ne prévaudront pas contre les armes spirituelles qu’il est de mon devoir d’employer, et nous vaincrons, s’il plaît à Dieu, l’obstination de ce huguenot.

— Le gobelet ?…

Le moine remplit son gobelet d’étain jusqu’au bord et l’avala d’un trait.

— M. le comte de la Guerche, reprit-il d’un air béat, partira certainement sous peu de jours ; il suivra naturellement la route qui, de Magdebourg, conduit par le plus court au camp de ce fils de Sennachérib et de Nabuchodonosor, que les Suédois appellent entre eux Gustave-Adolphe, et cela dans le but malicieux d’y chercher des secours.

— C’est évident, et vous raisonnez, mon Père, avec une lucidité d’esprit qui me charme.

— Or, en donnant aux armes spirituelles, dont je vous parlais tantôt, le secours des armes temporelles, on pourrait facilement mettre M. de la Guerche et son compagnon, M. de Chaufontaine, hors d’état de nuire aux fils bien-aimés de notre sainte Église.

— Hors d’état, dites-vous ?

— Les chemins sont pleins d’embûches ! Le sage ne peut jamais répondre du lendemain !

Le moine acheva de vider la bouteille et la fit sauter lestement par la fenêtre.

« Voilà un capucin qui a la main d’un reître », pensa Jean de Werth.

— Suivez bien mon raisonnement, reprit le moine, dont l’esprit puisait des clartés nouvelles au fond de chaque bouteille qu’il égouttait. Ces mécréants, dont mes lèvres ne sauraient