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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/84

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d’abord au pas, puis au galop, vers un bois de sapins que l’on voyait à une demi-lieue de l’auberge.

Il y trouva toute la bande de Mathéus en train de faire peau neuve. La plupart des moines avaient endossé la casaque de peau de buffle et enfourché de robustes chevaux qui les attendaient dans l’épaisseur du taillis. D’autres auxquels maître Innocent se joignit, portaient le costume d’honnêtes marchands qui vont de foire en foire pour trafiquer. On ne voyait plus nulle trace de robes ni de capuchons. La litière, poussée par des bras vigoureux, venait de rouler au fond d’un ravin, et les deux prisonniers, liés sur la croupe de deux chevaux et bien garrottés, semblaient deux malfaiteurs qu’une escouade de soldats vient d’arrêter en flagrant délit de vol et d’assassinat. Ils étaient vêtus de loques et coiffés d’un débris de feutre.

— Bonne chance ! cria Mathéus Orlscopp à maître Innocent en donnant le signal du départ.

— Bon voyage ! répondit le tavernier.

Et les deux bandes, se séparant, poussèrent au galop chacune de son côté.