Aller au contenu

Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


X

COUPS D’ÉPINGLE ET COUPS DE GRIFFES

Mathéus Orlscopp, pendant ce temps, poursuivait sa route ; il n’était pas mieux monté que Magnus et Carquefou, mais l’or ne lui manquait pas pour troquer les chevaux fourbus contre des chevaux frais. On ne s’arrêtait que pour manger à la hâte quelques morceaux, puis la bande repartait. Deux ou trois fois elle changea de route et de vêtements pour égarer ceux qui auraient eu quelque velléité de se lancer sur ses traces. Armand-Louis et Renaud voyageaient ordinairement à cheval ; on les donnait pour des criminels d’État que le comte de Tilly envoyait à Munich. Quelquefois aussi Mathéus les faisait asseoir dans des carrosses dont les rideaux étaient hermétiquement fermés. C’étaient alors de grands seigneurs malades que le grand air incommodait. Mathéus ne perdait jamais de vue Armand-Louis et Renaud, mais c’était à Renaud qu’il adressait le plus volontiers la parole.

— Tout n’est qu’heur et malheur dans la vie, lui disait-il. Le Brandebourg et la Saxe ne ressemblent point aux Pays-Bas. Là c’est Malines, ici c’est Magdebourg : un jour on jette par terre Mathéus Orlscopp, vilaine façon de reconnaître le bon souper qu’il vous a fait servir ; un autre jour, c’est Mathéus Orlscopp qui se trouve le plus fort. Mais, voyez si je