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celle ? — Mystère. Samuel n’aurait pas demandé mieux, il tenait beaucoup à ce que ses filles eussent du succès dans le monde, et c’est presque à contre-cœur qu’il écrivait un jour à son aînée :


« Tu as autant de sensibilité que moi, la tienne est seulement plus dégagée de nerfs et je t’en félicite. Tu ne perdras pas aisément la tête quand tu en auras, et c’est un grand bonheur. Tu auras beau voir à tes pieds un homme qui aura l’air désespéré, qui voudra mourir, se tuer, tu ne verras jamais que son mérite et tes convenances, à moins que tu ne l’aimes, ce qui n’arrivera jamais, tu es trop bien élevée… »[1]


Cela arriva, mais beaucoup plus tard, et l’imagination, croyons-nous, joua un plus grand rôle que le cœur dans le roman.

Tandis que ses filles s’amusaient à Lausanne, le pauvre Pi ne vivait pas trop gaîment à St-Jean, entre sa femme toujours malade et son petit Victor à peine hors des robes. Pour chasser l’ennui, il en plaisan-

  1. MCC. Bibl. de Genève.