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amusaient fort, mais on nous les accordait rarement. Mon Père était de tous celui qui riait le moins. Il prit toujours la chose au grand sérieux, affligé de l’humiliation de Genève et prévoyant qu’il n’y aurait ni gloire ni solidité à tout ce qui allait se passer.

« Les officiers d’infanterie français, dont quelques-uns étaient reçus à Pregny, étaient remarquables alors par leur ignorance qui égalait leur gaîté et leur légèreté. Tout leur désir était qu’on en vînt à un siège qui leur compterait comme double année de service. N’ayant aucune idée de ce que pouvait être une république, ils trouvaient qu’on développait trop de forces pour remettre à la raison des ouvriers révoltés contre leurs maîtres. Ce serait bientôt fait, selon eux. Pourtant, pour leur prompt avancement, il fallait quelques coups de canon tirés.

« Les Genevois, en dehors de la ville, étaient bien inquiets, quoiqu’ils se laissassent distraire. Ceux que j’ai nommés n’étaient pas étrangers à la peur pour leurs personnes, étant des hommes marquans dans leur parti. Nous nous amusions avec