Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/136

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fait. Je m’afflige en silence de voir mes relations avec elle réduites à rien. Je tâche d’en entretenir d’autres, je me dis que si je renonçais à sortir, à attirer nos amis, nous serions bientôt tout à fait isolés. »


Rosalie a déjà fait plusieurs allusions à la dévotion qui envahissait sa sœur et qui la lui prenait de plus en plus. Il est peut-être nécessaire de noter ici que Lisette avait été attirée par son cousin le chevalier de Langalerie dans la secte dite des Âmes-Intérieures. Cette secte, dont les adeptes étaient des disciples de Fénelon et de Mme Guyon, avait eu comme directeurs dans le pays de Vaud MM. Dutoit-Membrini et Ballif, elle était née vers 1765 et avait pour base l’union intime de l’âme avec Dieu et l’union des « âmes pures » entre elles. Lisette, depuis qu’elle y était incorporée, était parfaitement heureuse dans son dépouillement même. Son temps, ses forces, son petit avoir n’étaient plus à elle, mais à Dieu et à ceux qui sentaient comme elle, et c’est ce que Rosalie ne pouvait accepter. Rosalie était pieuse aussi, elle cherchait la consolation en Dieu, elle