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De Samuel de Constant à ses filles.


Genève, août 1792.


« Chères enfans. Savez-vous les affreuses nouvelles d’aujourd’hui ? Nous pouvons croire que Victor était retourné à Courbevoie[1] et il aura plu à Dieu qu’il ait échappé à cette horrible nuit du jeudi au vendredi derniers. Ils ont sonné le tocsin, ils ont attaqué les thuileries, ils y ont mis le feu, ils ont dispersé, chassé, tué la garde-suisse qui seule a fait quelque résistance. C’est un supplice, et que seront les premières nouvelles ? Pauvre cher enfant. Auras-tu échappé ? Ton père qui aurait donné mille vies pour la tienne aura… Encore quelques momens jusqu’aux premières nouvelles. J’ai tort de verser mon cœur dans le vôtre. Que Victor soit sauvé et il y aura assez de bonheur pour moi.

« Il y a quelques lettres en ville, à M. Beaumont, à Mme Achard. Dans les personnes tuées, il n’y en a aucune de nommée. Dans une de ces lettres on disait que les

  1. Courbevoie : lieu de casernement de la garde suisse.