Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/170

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C’est en mars 1793 qu’elle considéra l’affaire avec son correspondant comme terminée à jamais et qu’elle consigna sa déception dans son cahier vert.

Pourtant, le 30 juillet de la même année la voilà qui reprend la plume, ô inconstance féminine !… Il faisait chaud en ce 30 juillet, la belle-mère avait été particulièrement harassante, Lisette s’enveloppait dans ses pratiques mystiques, le Père était à Genève pour affaires. Et Saint-Pierre, que devient-il ? est-il heureux ? Pense-t-il encore à moi ? Si je lui écrivais ! » Aussitôt l’alerte petite bossue prend la plume, choisit une grande feuille de papier, et sans se donner le temps de la réflexion, commence ainsi :


De Rosalie de Constant à Bernardin de Saint-Pierre :


« Je voudrais bien savoir de vos nouvelles. Je croyais que l’idée que vous êtes heureux me suffirait, mais, dans ce tems-ci, le bonheur est si incertain, il a tant de peine à venir, il s’échappe si facilement…

« Au milieu de vos travaux, peut-être trou-