Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/179

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Celle-ci lui avait aussi envoyé des lettres destinées à recommander Charles à quelques émigrés de ses amis. Rosalie confia le brouillon de sa réponse à son cahier vert, et c’est à lui que nous empruntons des fragments de sa lettre. On verra qu’elle sut assez bien pasticher le style de sa correspondante.


« À Mme de Silleri et à Mlle d’Orléans à Bremgarten.

8 octobre 1793.

Les anges bienfaisans qui daignent s’intéresser à nos malheurs avec une bonté si inouïe, si inattendue, si peu méritée, n’ont pas besoin sans doute d’entendre l’expression de nos sentimens. Soulager des cœurs malheureux, adoucir et diminuer des peines et des inquiétudes cruelles suffit à leur satisfaction et les distrait de leurs propres chagrins… Malgré la vivacité de notre douleur, nous éprouvons qu’il est consolant d’intéresser des âmes comme les leurs. Ah ! c’est un bonheur qui est refusé aux gens heureux, celui de n’intéresser que les âmes vraiment grandes et généreuses.