Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dame. Croyez, je vous en prie, que cela fut dit avec bien plus d’esprit. C’est une femme bien étonnante. Le sentiment qu’elle fait naître est absolument différent de celui que toute autre femme peut inspirer. Ces mots : douceur, grâces, modestie, envie de plaire, maintien, usage du monde, ne peuvent être employés en parlant d’elle, mais on est entraîné, subjugué par la force de son génie, il suit une route nouvelle. C’est un feu qui vous éclaire, vous éblouit quelquefois, mais qui ne peut vous laisser froid et tranquille. Son esprit est trop supérieur pour faire valoir celui des autres et pour que personne puisse en avoir avec elle. Lorsqu’elle est en quelque endroit, la plus part des gens deviennent spectateurs, elle est seule sur la scène, ou si quelqu’un ose s’y placer un moment, tout l’avantage du raisonnement et de la dispute est de son côté, et l’admiration qu’elle inspire fait qu’on lui pardonne sa supériorité, lors même qu’on en est l’objet.

« On est étonné de trouver chez cette femme singulière une sorte de bonhomie et d’enfance qui lui ôte toute apparence de pédanterie.