Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouve au premier abord plus agréable que tous les amans de la belle. Il a l’air abattu, craintif et accablé ; elle est hautaine et méprisante devant lui. Elle parle de sa coquetterie et de son adoration pour Benjamin à qui elle a voué sa vie, mais point de divorce. Il faudrait avoir un peu plus de vertu pour faire un éclat et reprendre de nouveaux devoirs.

« Une des choses qui me choquent dans Mme de Staël, c’est qu’elle nous reproche toujours notre malveillance contre Benjamin à qui, dit-elle, nous devrions être fiers d’appartenir et qui t’a laissé son bien par testament. Cela est bien injuste. Ce sont des personnes qu’il faut voir de loin, surtout si l’on veut aimer leurs livres.

Chaumière, 7 novembre. — Je vois quelquefois Mme Necker de Saussure et trouvai l’autre jour chez elle une société toute genevoise. C’est un ton, une manière à part, des parures plus soignées, un ton plus commun, des plaisanteries qui tiennent toujours de la moquerie et un fonds d’ennui qui vient du manque de bonhomie. Je crois qu’on vivra très séparé cet hiver. Ils sont plus nombreux et plus brillans que nous.