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Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/331

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je lui faisais du bien, que je fortifiais son âme, et que s’il sortait de son état malheureux, il me le devrait. Il m’a laissé entrevoir en même tems que depuis longtems il n’estimait plus assez la dame d’aucune manière pour l’épouser avec plaisir, lors même qu’elle le voudrait bien.

« Comment, diras-tu, avec cette façon de penser, ne sait-il pas se retirer d’esclavage, se remettre à la place d’ami avec tous les bons procédés possibles ? C’est là ce qu’il voudrait faire, mais pour en comprendre la difficulté, il faut connaître le caractère passionné, la violence extrême, le despotisme et l’égoïsme de cette femme. Elle croit que son esprit lui donne le droit de régner sur le monde entier, elle veut des esclaves, et surtout Benjamin dont l’esprit lui convient plus qu’aucun autre. Elle déclare qu’elle le poursuivra jusqu’au bout du monde, et que, s’il lui échappe, elle se tuera… Elle lui a fait des scènes affreuses. Enfin il est parvenu à arriver chez Mme de Nassau où il s’est fortifié dans la résolution de sortir de cet indigne esclavage. Je n’ai pu que le consoler et l’exhorter à la fermeté et à la douceur, mais bientôt elle est