Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/330

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droite du Rhin, on ne lui a pas demandé son passeport, il aurait pu apporter ce qu’il aurait voulu.

7 août. — Je fais mes visites sur mon âne, monture fort à la mode ici ; j’ai couru ainsi trois jours de suite, mais j’en ai été très fatiguée. Il serait d’ailleurs bien difficile de dormir et d’être tranquille quand on a Mme de Staël tout près de soi, qu’elle vous fait une scène le matin et qu’elle vous amuse le soir, Il faut que je t’en parle à fonds car il est possible qu’elle t’écrive, je l’y ai fort encouragée dans l’espérance que tu lui parleras bonne raison, sentiment vrai, dépouillé de tout le factice chimérique dont elle s’environne.

« Il y a déjà assez longtems que le pauvre Benjamin est très malheureux dans ses liens. Il m’a confié ses peines, son dégoût pour sa situation et le rôle qu’il joue, son besoin de tranquillité et d’une vie réglée. Tu comprends que le voyant à la fois malheureux, mal jugé et menant une vie que son âge et sa santé rendent tous les jours plus fâcheuse, je lui ai dit ce que la raison, l’honnêteté et la vraie amitié m’ont dicté. Il m’a encouragée en me disant que