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Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/34

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« La République siégeait dans un lieu digne d’elle.

« Un citoyen de Genève, zélé partisan de Rousseau, avait un fils qu’il résolut d’élever comme Émile. Un sculpteur de ses amis lui proposa un groupe de figures qui exprimerait son idée et la ferait durer. L’exécution fut assez heureuse. Sur un piédestal élevé, on voyait la figure de Rousseau en pied, de grandeur naturelle et très ressemblant. Émile à ses pieds travaillait à un petit chariot. C’était le fils du citoyen Argand qui avait l’air de croire faire quelque chose d’utile et d’en être heureux. Une chaîne de fleurs qu’il ne paraissait pas voir le soutenait. Le maître la tenait d’une main et de l’autre s’appuyait sur une colonne à demi brisée sur laquelle on avait représenté les moyens d’instruction des jésuites : les fouets et autres punitions corporelles, l’air sévère et menaçant, les pleurs, etc.

« Sur le piédestal se voyait l’opinion sur son trône élevé et posé sur une mer orageuse. Un père la montrait à son fils en lui faisant signe de s’y soustraire ; une mère amenait sa fille avec l’expression