Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/49

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sanne. Ma tante de Charrière, qui avait volontiers les primeurs des choses agréables, ne tarda pas à me mander pour un déjeûner qu’elle lui donnait. Elle avait réuni beaucoup de monde dans son grand salon de la rue de Bourg. Il y régnait une vive agitation.

« Je fus frappée des traits élevés du savant, de son nez pointu, de ses yeux gris et perçans. Il y avait dans sa physionomie une douceur qui rassurait. Il parlait à peine français. Chacun cependant voulait l’entendre, savoir comment il en était jugé. L’amour-propre bravait ses jugemens, ne doutant pas qu’il ne devinât les qualités, les vertus que chacun se croit, ou veut que les autres leur croient. Le pauvre homme ne savait que dire. Enfin, il tire un grand livre — c’était un album — et il somme chaque personne d’y écrire quelque chose. Ce fut alors qu’on fut embarrassé de cet impromptu obligé ! Je ne me souviens pas du mien, excepté que je le trouvai plat sans pouvoir faire mieux. Ce fut une matinée amusante et gaie. Il alla aussi à Saint-Jean, où il vit beaucoup de monde. Il remarqua un trait général chez les Genevois,