Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/75

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Pas de chevaux ni de carosse pour aller visiter les amis ; en hiver, de la neige pleins les chemins, peu de bois dans le bûcher. De temps en temps quelque nouvelle politique, la faillite d’une maison amie, la mort d’une connaissance sur un champ de bataille venait secouer la torpeur, et puis on y retombait, sans courage pour se distraire. Le Père n’était pas content quand il voyait ses filles s’abandonner à la tristesse ; il aurait voulu qu’elles l’égayassent un peu, mais il savait qu’il perdait son temps à le leur demander.


« Pour du plaisir, écrit-il un jour à Rosalie, garde-t’en bien, je pourrais croire que tu l’aimes, et c’est un tort affreux. Vous ne savez que trop bien vous ennuyer, ta sœur et toi, et c’est un vice selon moi.[1] »


Le journal à Victor s’est fermé en même temps que la porte de Saint-Jean. Victor est maintenant un homme lancé dans la vie. Son frère Juste l’a conduit dans un institut de Colmar où il doit se préparer à

  1. MCC Bibl. de Genève.