Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/99

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Bravo, je ne suis donc pas une sotte. Mais voici une autre pensée du même auteur qui rabat un peu ma joie et que ma droiture me force à transcrire également :

« Quand on avoue qu’on s’est ennuyé seul, du moins l’ennuieux n’est pas difficile à trouver. »

Un des auxiliaires de Rosalie contre ce fâcheux qui venait la chercher jusque dans sa chambre était la lecture. Après Ségur, elle prit Catherine II, Fénelon, Rousseau, Florian, puis Bernardin de St-Pierre et désormais l’ennemi fut chassé pour longtemps…

Ici commence ce qu’on peut appeler le roman de Rosalie, roman dont quelques-uns ont beaucoup exagéré la portée, et qui, nous en sommes persuadé, se déroula plus dans l’imagination que dans le cœur de l’héroïne.

Comme toutes les femmes, elle avait besoin d’aimer. Les épouseurs qui s’étaient offerts n’avaient fait vibrer en elle aucune corde. Force était donc, pour remplir le vide de son âme, de mettre l’imagination en jeu. Un homme qu’on n’a jamais vu, qui se peint dans ses livres comme un