Aller au contenu

Page:Achille Essebac - Luc.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LUC
237

les cuivrées. Le disque rubescent du soleil se voilait, à travers les arbres, dans un rideau d’opales issues, à fleur de terre, des mousses odorantes. L’âme paisible des choses, dans le matin tranquille, se caressait à P âme angoissée de l’enfant et le baignait, tourmenté à la fin, en une détresse infinie. Il allait, gamin et joueur presque. Mais Chérubin, fait homme entre les bras de Nine, sentait dans son cœur joli peser de lourdes peines.

Voilà, dans l’éclaircie du ciel, la terrasse et le pavillon d’où Julien peut suivre la lente coulée d’argent du fleuve…

Lucet a le cœur gros tout de même ; et sa chair se navre d’avoir, cette nuit, suscité encore chez Julien une telle preuve de son attachement et de sa bonté.

L’enfant heurte légèrement la porte du marteau dont elle est armée. Il entend des pas. Julien ouvre. Leurs yeux se rencontrent aussitôt, graves, mais avec de la douceur et du chagrin plein leurs prunelles endolories. Luc parle tout de suite ; on l’écoute affectueusement :

— Je suis fou, Julien, de venir renouveler votre peine ; ne m’en veuillez pas ; je voudrais souffrir plus que vous… Il me fallait, cette nuit, vous rejoindre tout de suite ; mais j’ai craint quelque chose d’atroce pour cette maison que nous chérissons ; puis je voulais partir ce matin, sans vous voir, et je n’ai pu m’arracher au besoin — et Lucet répéta : au besoin — de vous demander et d’obtenir votre pardon encore, parce que je vous aime bien, Julien, et que je vous ai fait pleurer…

Chérubin allait continuer ; il voulait livrer toute