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PARTENZA…

vêtement de travail. Ce n’est pas la pauvreté, c’est la déchéance, l’écroulement de ce qui fut ou essaya d’être élégant et qui n’est plus que sordide !

Il fait très froid ; la bise fouette durement l’air d’une incroyable pureté.

Des voitures découvertes filent dans un bruit de grelots au trot rapide des petits chevaux harnachés de clinquant, conduits par des cochers délabrés dont les plus jeunes sont quelquefois des gamins de douze ans ; attelages de lilliputiens très fringants lancés en courses vertigineuses.

Nous nous enfonçons dans des ruelles tortueuses et escarpées où nous allons être écrasés entre les maisons penchées d’un côté et de l’autre jusqu’à nous toucher : c’est le vieux Naples, et le boulevard interminable que nous avons suivi après la sortie de la gare est une percée, un massacre parmi les étranges petites ruelles très encombrées où ce sera très amusant, demain, de venir flâner.

On dirait, maintenant, que nous entrons dans la campagne ou dans quelque faubourg spacieux aux maisons aristocratiques, d’une aristocratie sévère des siècles passés… Naples ne finit pas… Nous roulons depuis une demi-heure à fond de train. Les lumières diminuent de plus en plus. Nous doutons de notre cocher, qui pourrait bien se jouer de nous et nous emmener dans quelque coupe-gorge ; nous voulons retourner sur nos pas, dans la ville, mais nous essayons vainement de le lui faire comprendre. J’ai dû très gauchement m’expliquer, avec un air très embar-