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PARTENZA…

rassé, car, en passant dans un de ces carrefours où s’atténuent un peu, à la clarté d’un réverbère isolé, les ténèbres épaisses de quatre ou cinq vicoli, des rires sonores issirent d’un groupe de filles arrêtées là, curieuses de voir aboutir mes réclamations embrouillées. Un vigoureux coup de fouet fit partir enfin, au grand trot, sur les dalles, notre attelage que suivit, strident et moqueur, le rire contagieux recueilli par d’autres bouches de belles filles joyeuses. Entrée de bonne augure dans cette Naples désinvolte où nous devions cependant trouver aussi tant de misères !

Installés à l’hôtel de la Riviera, arrive jusqu’à nous la rumeur des vagues qui déferlent en chantant de l’autre côté des feuillages légers d’un jardin dont les arbres s’élèvent, là, devant nous et nous séparent de la mer…

Du balcon de nos chambres, nous découvrons tout le golfe très obscur, et l’on nous indique, au delà de quelques feux rouges et verts qui se meuvent dans le noir, sur l’eau où leurs torsions se répètent et s’allongent en zigzags infinis, un point, une masse indécise qui serait le Vésuve. Notre foi lui prête une lueur de braise, très petite et lointaine. À sa droite, c’est Capri, puis Ischia, en face de nous, devant le Pausilippe. Mais nous ne voyons rien de tout cela, et ces noms flambent dans mes yeux, et je me prépare pour demain une belle série d’admirations… ou de déceptions !