Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
PARTENZA…

dissous leurs buées matinales, de grosses tours d’églises, dont les murailles seront vermeilles dans le midi, sont bleutées en ce moment, bleutées et mauves de buées fraîches, attirantes comme si l’on éprouvait le besoin d’en respirer l’azur palpable.

Je préfère aux illuminations du soleil ces ombres fines ; elles n’ont pas l’effronterie des choses voyantes et dorées sous l’astre qui les étreint et triomphe d’elles ; elles sont voilées de fraîcheur, timides et tremblantes de pudeur.

Sur des paniers d’osier montent les pyramides de fruits appétissants dont les flancs vont s’ouvrir et dégorger un jus savoureux.

Des fontaines sont envahies par d’adorables petites filles qui se fâchent parce que des garçons, vigoureux et nus sous les loques qui les recouvrent à demi, s’amusent des jets d’eau qu’ils envoient sur elles ; mais, réconciliés bien vite après des moues charmantes, tous ces gamins et ces gamines composent leurs petits bouquets de fleurs d’orangers et de violettes offerts comme à Rome aux étrangers qui passent et qu’ils devinent, et qui cèdent aux câlineries de leurs œillades. Et c’est, dans ce peuple, au milieu de ces maisons hautes qui s’éveillent, ouvrent les grands yeux que sont les fenêtres, le jeu infini de toutes les clartés, de toute la vie qui renaît et, joyeuse déjà, va s’épanouir davantage encore au plein soleil.


Le portail de San Gennaro est enfermé dans un réseau compliqué de boiseries et d’échafaudages que