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PARTENZA…

de ceux qui, vainqueurs à la palestre, animaient autrefois ces pavés de marbre des frôlements caresseurs de leur chair…

Les petites choses surtout sont restées immuables. Les menus détails de la vie écoulée sont à la place qu’ils occupaient, où leur propriétaire aimait à les trouver pour son usage ou pour son plaisir. J’ai vu des robinets de bronze cachés dans le sol, sous des grillages de fer ; ils amenaient aux réservoirs de marbre de l’atrium les ondes glacées du Sarnus. Les nôtres sont parfaitement semblables à ceux-ci, vieux peut-être de deux mille ans ; et cette communauté de besoins, cette exécution très simple d’un ustensile banal crée, plus encore que les palais somptueux, une étroite sympathie entre nous et les pauvres disparus de Pompéi.

Des statuettes sont demeurées sur leurs socles, en face de larges bancs de marbre en hémicycle, dans des jardins étroits et délicieux où certainement par des soirs roses et dorés comme celui qui descend aujourd’hui, sont venus s’aimer des jeunes gens, et se souvenir, devant les couples heureux et charmants, ceux qui eurent à leur tour ce charme et ce bonheur et dont la vieillesse se rafraîchit à la joie des baisers et des serments d’amour échangés sous leurs yeux.

Dans le silencieux alignement des rues très droites, tirées au cordeau, nous allons seuls avec notre guide ; et cette solitude me plaît. Je la voudrais plus grande encore. Je voudrais être absolument isolé dans’ce milieu étrange où tout est ruine avec des couleurs vivei encore, révélées sous les petites pierres ponces que