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PARTENZA…

jour son corps débile mué en la forte splendeur d’un jeune homme gracieux et robuste, et se plaisait

À voir ses longs cheveux flotter au libre vent
Et sur son col d’ivoire errer plein de mollesse ;
À voir ses reins brillants de force et de souplesse,
Son bras blanc et nerveux, au geste souverain
Qui soutient sans ployer un bouclier d’airain.

Dans la piscine de marbre blanc, encore intacte, les jeunes Pompéiens se plongeaient, s’ébrouaient gaminement et montraient, au sortir de l’eau,

De beaux corps ruisselants du frais baiser des bains
Qui fumaient au soleil comme des urnes pleines
De parfums d’Ionie aux divines haleines

. . . . . . . . . . . . . . . .

En me répétant ces vers délicieux des Poèmes Antiques, j’ai cueilli, entre les dalles disjointes de la piscine, des feuillages de fine guipure qui jaillissent, sauvages, de la blancheur des marbres. Ils ne sont que délicatesse, et leurs verdures frôles suspendent des lamelles d’émeraudes à des fils de soie noirs ou bronzés. À Pompéi, on les appelle cheveux de Vénus. Pourquoi ? Elles n’ont rien de l’épaisse chevelure d’une femme, ces brindilles spirituelles et fines comme les cheveux de Ménalcas. Ce seraient des boucles viriles, en effet, ces feuillages que nous appelons capillaires ; fils ténus tombés des têtes séduisantes d’adolescents aux fronts ombragés de boucles noires comme leurs grands yeux noyés dans l’ombre des cils, tels que j’en ai vus encore à Portici, à Résina, frères

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