épuise sur leurs floconneuses silhouettes les richesses de ses grenats et de ses incarnats, et dépose sur elles des transparences délicieuses, limpides et claires, aux tons de chairs très pâles…
Les roues de massives charrettes grincent sur les routes, et les chevaux rapides, pareils à celui qui nous a conduits si hardiment, tirent du collier, excités par la clameur monotone du voiturier, longue et lugubre comme un râle dans l’agonie du jour : hrââh !
L’air devient très froid. La nuit laisse rôder des ombres qui ne veulent pas s’épandre, et le soleil s’attarde dans les brumes dorées envahies par des vols de nuages lilas entraînés lentement vers l’horizon.
Dans la petite gare de Torre Annunziata l’obscurité est grande, les feux rouges et verts des signaux brillent, tournent et disparaissent ; de pâles quinquets tremblent sous le vent, fument et font paraître la nuit plus profonde encore.
Derrière un rideau d’oliviers et de roseaux la lumière se meurt. Cependant que le soleil fait doucement, dans les opales d’une aurore, son entrée sur l’autre côté du monde, c’est ici la fin d’un beau jour. Et dans le chaos de pourpres et d’obscurités flotte une indéfinissable langueur dont s’empare l’âme encore sous le charme de cette cité païenne débordante de sensualisme, soudainement révélée, facile, riante, et belle de toutes les beautés, et trop tôt disparue au tournant du chemin… Il ajoute aussi, ce beau soir tout doré, à l’angoisse faite des sensations douloureuses et sans causes explicables issues des grandes