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PARTENZA…

choses en train de disparaître insensiblement, ou déjà terminées, et que l’on ne doit plus revoir…

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Encore de la musique, ce soir à l’hôtel, dans la vaste salle à manger très belle et très haute, que deux ouvertures ovales percées aux extrémités, dans les murs, rendent un peu solennelle en amenant je ne sais quelle réminiscence du salon de l’Œil-de-Bœuf, à Versailles, mais éclairé et blanc. La société, ici, ne ressemble en rien aux cohues mélangées des hôtels : jeunes misses élégamment enfouies dans de vaporeuses soieries, comme au bal ; ladies un peu mûres, mais si joliment rajeunies sous le grand voile de crêpe blanc qui retombe de la coiffure sur les épaules avec la grâce et la noblesse d’une parure de cour. On dirait, ces Anglaises impeccables, une réunion de personnages du grand siècle à qui l’amphitryon somptueux fait donner la comédie.

Peut-être a-t-elle tout de même l’air bien opéra-comique cette troupe de chanteuses et de chanteurs napolitains parés de velours et d’écharpes de satin, de chemisettes légères sur les torses des jeunes hommes et sur la ferme cambrure des femmes dont la beauté est très médiocre ; mais je leur sais gré d’arriver, ce soir, à atténuer la transition trop brusque du rêve de tout à l’heure heurté contre la réalité présente, laquelle il faut, hélas ! toujours subir : de la musique, des chansons et des danses, c’est toujours un peu d’idéal qui passe…