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Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/176

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PARTENZA…

adolescents couraient le Palio, à Vérone, tous vêtements rejetés. Ainsi la foule assemblée se plaisait aux belles attitudes des garçons, et la plastique mâle du vainqueur la charmait. Nous pouvons comparer le reflet magnifique que reçurent les Arts d’une semblable liberté, et chercher aujourd’hui dans le symbolisme contorsionné de nos plus habiles statuaires la parcelle introuvable d’une beauté dont Michel-Ange à lui seul combla tout un siècle. — De sorte que le grotesque de notre anatomie qui défaille même entre les mains de nos sculpteurs, rendrait impossible l’ostension d’une nudité que la sotte hypocrisie des mœurs actuelles laisse d’ailleurs improbable.


Comment ne pas avouer aussi le plaisir éprouvé devant les fresques enlevées aux maisons de Pompéi, aux petites maisons que je voyais, hier, s’effacer dans les lointains cendrés du soir ?

En présence de ces libertinages aimables et jolis l’impression immédiate est une flatterie accordée à la curiosité par la possibilité de voir, d’être témoin de choses qui, relativement, ne sont pas à la portée de tous. Mais cette sensation première, ce contentement très réel dans lequel je retrouve la joie de savourer le fruit défendu, se disperse ; et de cette visite au Cabinet Secret, il reste surtout le souvenir des choses qui sont belles par elles-mêmes et demeurent, dans ce milieu où la clameur immense du rut antique monte si exactement semblable aux désirs contenus dans notre corps, presque chastes et pudiques.