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PARTENZA…

ment de vieux murs roussis qui sont des églises, des casernes et un collège. De vieilles grilles patiemment ouvragées, fleuronnées, se tordent et s’enroulent, en accord parfait dans leur rouille, avec les vieilles murailles, rouillées aussi, rouges, ardentes des brûlures du soleil. De grands murs percés de portes immenses ouvertes, d’un côté de la place, sur des profondeurs sombres où clignote l’or des cierges, de l’autre côté, sur des jardins qui ne finissent pas, d’où s’échappent gazouillants et joueurs, les écoliers, la classe du matin enfin terminée.

Quels mots employer pour dire toutes ces choses, ces odeurs d’encens et ces visions de splendeurs mystiques, lancées comme les émanations d’un autre âge par le portail béant d’une vieille basilique aux pierres rongées de soleil, là, devant moi, en pleine rue où le bruit augmente et le grouillement s’exaspère sous la poussée des jeunes garçons grisés de liberté et joyeux au sortir de l’école ? Sur cette cohue, la lumière aveuglante d’un ciel incomparable, tiède, transparent, et vibrant de frissons de beauté, de joie, de bonheur, que l’âme savoure lentement, comme s’ils ne devaient plus jamais exister pour elle, ces instants délicieux, comme s’ils ne pouvaient plus être jamais surpassés ou même atteints par d’autres exquises sensations !

À tout cela se mêle un peu de tristesse ; et cette journée où j’aurai vécu, dans la beauté calme et parfaite de l’antiquité et dans les rayonnements superbes de l’heure présente, des minutes de pur enchantement, pour moi se voile de mélancolie : dans quelques heures