cette Naples où tout est spectacle ; leur marche raide sous le balancement des reins ressemble furieusement aux déhanchements des garnisons de Cologne, de Trêves et de Coblentz qu’ils me rappellent sans effort ; ils s’éloignent… Leur présence a jeté une note triste et morne qui disparaît promptement dans la gamme joyeuse des rues…
Sur des places, une jolie marmaille aux chairs veloutées, aux grands yeux qui mangent la moitié du visage et font l’autre moitié si rieuse et si délicate : haillons, jeunesse, misère et gaieté ! Des pieds nus à peine posés à terre, aussitôt levés, prestes, en courses échevelées ; des éclats de rire de petits espiègles grignotant un fruit, une amande, des figues ou des olives entre plusieurs cabrioles, entre des colères minuscules très importantes et très comiques ; des pleurs, des disputes terminées qui recommencent, puériles, exprimées si drôlement en une kyrielle de mots que l’on ne comprend pas et qui donnent envie de sourire quand même ! La jolie marmaille de Naples ! si gracieuse et si pittoresque ; la moue des lèvres fines qui s’avancent et demandent — attirent — la piécette de cuivre par laquelle, davantage encore, sourient en minaudant les jolis yeux du visage futé et si tendrement implorant, et les bouches trop mignonnes qui imposent immédiatement à l’esprit une image de fleur ou de fruit ! Oh ! les jolis petits guenilleux et les polissons napolitains !
La rue de Rome s’élargit tout à coup sur la Piazza Dante où tombe, abondant, le soleil dans un encadre-