Quelque chose de fantastique me précède, m’accompagne, me suit, enveloppe délicieusement ma solitude savoureuse de rôdeur paisible… Un chuchotement mouillé, un froufrou liquide, c’est bientôt la Fontaine de Trévi ; je vais ; le chuchotement devient clameur et le froufrou brise sur les murs ses bruissements précipités de cataractes ; voilà la fontaine enfin. L’eau éclate en gerbes sur les rocs artificiels ; les cascades s’illuminent comme des fontaines de palais enchantés ; l’électricité fait merveille, tellement sont magiques ses clartés et limpide l’acqua Vergine, et blanches les nappes de lumière étalées sur les nappes mobiles et scintillantes de l’eau. Les colosses de pierre se dressent, brusquement éclairés au milieu des architectures puissantes dont les corniches, les pilastres et les entablements montent, retombent, escaladent le faîte des maisons… Il y a de la sorcellerie dans la magnificence de ces pierres violemment éclaboussées de lumières liquides qui rejaillissent jusque sur l’église et les murs sombres d’en face, en éclairages étonnants et tellement inutiles ! puisque je suis tout seul, et que la ville entière sommeille insouciante de cette apothéose sans fin…
Par les ruelles noires, plus loin, s’amortissent les plaintes confuses des jets brisés et des déchirures de l’eau, et s’éteignent les pâles incandescences de la Fontaine dé Trévi. Je retrouve ma chère place d’Espagne, dépouillée, elle, des rais d’or du soleil, esseulée, sans le va-et-vient des petites marchandes de fleurs aux yeux si jolis dont les’étoiles, là-haut, essayent,