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PARTENZA…

bleue et diffuse de la nuit, ou d’ici, dans le jour dore, — des différentes parties de la Ville Éternelle s’élève la même rumeur vertigineuse des siècles écoulés. Chaque monument, chaque pierre crie la souffrance et la gloire des êtres qui passèrent là, leur effort vers la Beauté, l’effort de leur génie, de leur pensée, aussi bien que l’effort de leur corps, de leurs mains. Sur les coupoles vieillies, sur les tours carrées et trapues, plane l’âme immortelle d’un Monde. Là-bas, le Colisée, derrière la façade rose d’Ara Cœli, tressaille encore de l’agonie des martyrs, et sous ses voûtes épaisses l’écho n’a pas fini de redire l’enthousiasme effroyable des cent mille hommes, à chaque spectacle, engouffrés dans ses murs… Par la splendeur lumineuse des places et des rues, en l’ombre fraîche des temples, mon esprit fait se dérouler encore les triomphes des Césars, la pompe des cortèges dont le merveilleux souvenir désespère nos désirs de les égaler jamais. J’évoque l’ineffable poésie de tout ce passé, et je voudrais que mon respectueux amour, affranchi de la banalité des mots, que le respect de mes yeux, de mon front, de mon cœur, de ma pauvre intelligence, du moi total qui pense et s’émeut, aillent clamer mon enthousiasme à tous les coins d’horizon, à tous les pavés des rues, et jusqu’aux verdures éparses, issues des verdures d’autrefois, dans les ruines pantelantes, sur les murailles écroulées. J’ai besoin, j’ai soif de dire à tout cela la largeur de mon infime admiration, l’amour de cette grâce antique qui demeure parmi la grâce fastueuse et sévère de la Renaissance dont est