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PARTENZA…

vermeil quelques chapelets que leur remit ma mère pour les présenter à la bénédiction du Souverain-Pontife, pendant que nous restions seuls dans un coin de ténèbres, avec les fantômes qui semblaient attendre notre départ pour se détacher des fresques et remplir de leurs formes impalpables et décolorées le volume entier de cette salle dont les plafonds se dérobaient et n’étaient déjà plus visibles dans l’obscurité…


Ce matin, pris par le chemin des écoliers pour retourner à Saint-Pierre. Suivi le Corso tout entier, la place du Peuple, la via Ripetta, le palais Borghèse ; erré par toutes ces rues si délicieusement éloignées encore de nos prétendus raffinements modernes, si vieilles, dans les vieux quartiers au bord du Tibre, en face des Prati défigurés maintenant par la stupidité laide et ruineuse de constructions inhabitées d’ailleurs, et par ce bloc sans nom, sans style, sans esthétique, horrible bâtisse qui sera, quand les échafaudages vermoulus seront tombés, le Palais de Justice ! Vu le palais Madama, la place Navone, le palais de la Chancellerie. — Le palais de la Chancellerie… N’avais-je pas raison d’aimer follement cette Renaissance dont la Beauté souveraine, seule, peut faire oublier la décrépitude fauve des grandes ruines du Forum et du Palatin et nous consoler de leur impossible recommencement ! Traversé le Campo dei Fiori, pittoresque, pour gagner le palais Farnèse. — Le palais Farnèse… Allons, vite, le temps presse et meurtrit les joies qui montent de toutes ces choses… Repris le Pont-Sixte,