carrés, trapus et massifs et si élégants ! si belle, cette grande tour du Palazzo-Vecchio : la formidable Seigneurie ! charmantes ses vieilles rues étroites, dont les maisons transformées, sans doute, sont filles des maisons de la Florence du Dante, de Michel-Ange et du Vinci, la Florence dont les murailles chantaient vingt sonnets le même jour quand, des mains géniales de Cellini, magnifique, naquit le bronze immortel du Persée ; la Florence qui fermait ses boutiques, arrêtait ses métiers, accourait haletante et jouisseuse, éprise de beauté, interrompant sa vie pour entendre des vers sur la place publique…
Sur le pont de la Trinité gazouillent les voix claires et s’emplissent des clartés de leurs yeux les beaux visages des petites Florentines et des jolis gamins de Florence, marchands de fleurs ; je ne comprends pas leur parler, mais je sens aux mouvements délicats de leurs lèvres qu’il doit être très pur et que c’est ici, dans cette Florence dont le nom me plaît à répéter, la terre du beau langage. J’achète pour quelques sous des bouquets où se pâment des violettes de Parme, blêmes et embaumées comme jamais je n’en ai vu ailleurs, des roses sensuelles, des œillets, des narcisses et des giroflées, et de frêles lilas, des lilas d’hiver avec de rares feuillages d’un vert tendre et diaphane. La rue est toute fleurie d’éventaires ambulants de la place et du pont de la Trinité jusqu’au palais Strozzi, paré à la base, comme un reposoir d’enfants, d’une suite de petites choses épanouies et colorées.
Ces fleurs font un contraste curieux avec les grosses