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PARTENZA…

jour, transforme l’être qui se dépouille et, chrysalide, devient papillon au contact des choses et des horizons nouveaux.

Là-bas, au bout du quai, en tournant à droite vers la Joliette et la cathédrale neuve, quel immense espace d’air pur et de limpidité ! De très loin arrivent, se gonflent, les lignes moutonneuses des vagues creusant derrière elles de profonds sillons où tombent du ciel et germent, spontanément épanouies, des semences de lumières. Et la mer, depuis l’horizon immobile jusqu’aux lourdes vagues brisées sans cesse sur les rocs, devant nous, est une mouvante et féerique coulée de diamants.

Comme s’il m’était nécessaire d’associer au tumulte grandiose de cette mer que j’aime avec passion, quelque autre chose d’infini dont elle ne serait que le reflet blafard, l’image d’une extrême ténuité, mes yeux s’élèvent au-dessus des vieilles pierres des citadelles et des forts, sur la colline où tend ses petites mains l’Enfant infiniment grand, entre les bras de sa Mère… Le soleil illumine les vitraux de Notre-Dame-de-la-Garde, et la statue colossale au sommet de sa haute tour éparpille dans l’espace des rayons dorés.

Marseille est très belle vue ainsi, retranchée derrière ses bassins immenses enclos de forteresses aux créneaux béants par lesquels bâillent, noires, les gueules des canons.

La cathédrale moderne est trop moderne, et ses marbres, et ses mosaïques, et sa splendeur demi-byzantine ne parviennent pas à m’émouvoir, moins, en