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Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/253

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PARTENZA…

l’heure. Carillons de joie, carillons d’effroi, carillons de crime, ils tombent toujours semblables, depuis des siècles, sur Florence qui doucement s’achemine aussi vers la fin commune… Le vieil Arno roule dans son lit presque sec, entre les sables d’or rouge qui rouillent ses eaux vertes, les cendres de Savonarole, comme la Seine, là-bas à Rouen, caresse de son flot royal les virginales poussières de la Pucelle. Et, autant que la survivance d’une poudre inerte puisse être de quelque intérêt quand l’esprit s’en est allé, — quelle revanche du Destin, la dispersion totale de ce qui fut, chez le Borgia bourreau de Savonarole, un corps esclave souillé d’une âme dont l’inconscience n’excuse ni l’abjection ni la cruauté !

En vain on a fouillé les sarcophages ! Nulle trace au monde ne demeure de ce Pontife simoniaque. Alexandre VI Borgia n’est plus. Nulle trace ne subsiste aussi de Lucrèce, fille du tortionnaire obscène, et sœur du fratricide élégant César Borgia, qui lui-même n’a rien laissé d’une dépouille autrefois jetée outrageusement à l’indifférence des vents.

Dans quelles tempêtes se rencontrent à nouveau ces atomes dissociés, — dans quelle existence paisible, en quelle exquise créature, dans quels yeux charmeurs, sur quelles lèvres délicieuses ? — puisque rien ne s’anéantit à jamais et que les Forces de la nature se récupèrent dans les plus abominables corruptions ?…

Avant de descendre, je regarde le couvent de Saint-Marc, de l’autre côté du Dôme, et je vois aussi, dans ce même couvent de moines batailleurs, la simplicité

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