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PARTENZA…

comme des perles, sa jolie tête frivole se penche vers moi, sa bouche esquisse un fin et malicieux sourire, et ses grands yeux sans prunelles le font ressembler à un masque de comédie antique infiniment gracieux et coquet… J’aime que des fleurs soient devant lui, toujours, et qu’elles montent d’un vase bleu cendré, aux formes très simples, jusqu’à ses épaules rondes, jusqu’à ses lèvres où persiste, après deux mille ans de ténèbres, la radieuse clarté de sa voluptueuse Pompéi ; jusqu’à son front où rayonnent la jeunesse éternelle, la splendeur pâle des encens sacrilèges échappés en volutes légères des grands trépieds de bronze, et les étincellements du golfe napolitain… et, pour moi, le souvenir ému de Florence !…

Exprès, j’ai voulu, en écrivant les pages ultimes de ce journal sans prétention, que revive un instant entre ses lignes inhabiles la silhouette de cette précieuse figurine. Et peut-être trouvera-t-on que vraiment j’ai bien dédaigné les autels des Vénus innombrables, pour déposer trop fidèlement sur les parvis des temples d’Antinoüs et d’Apollon, la branche de myrte nouée de bandelettes. C’est que j’aime les sanctuaires silencieux et délaissés !

Seul, le silence est grand, tout le reste est faiblesse.

Et ce vers du chaste Vigny me console de n’aimer ni la foule, ni la cohue tumultueuse, ni les temples où bruyamment on sacrifie. Et si, j’ai rencontré vers Naples, où palpite encore doucement l’âme du Paga-